Report 42. Essai de techniques culturales contre la pourriture au champ de tubercule d'igname dans les système de culture agro-forestiers traditionnels Haïtiens
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Le travail présenté dans ce document a été entrepris à la suite des résultats d'une enquête réalisée par la Fondation Panaméricaine pour de Développement (PADF), à Plaisance, à 40 kilomètres du Cap Haïtien, où l'igname constitue une composante de base des systèmes de culture agro-forestiers traditionnels. L'enquête avait révélé que la culture de l'igname était limitée par une pourriture aux champs des tubercules. Les tubercules malades étaient perdues pour la consommation et la commercialisation. L'agent responsable a été identifié comme un champignon de l'espèce Rosellinia bunodes (Henry, 1993). Cette maladie attaque et tue plusieurs autres espèce de plante associées àl'igname dans les systèmes de culture agro-forestiers traditionnels. Le développement de ce champignon est selon la littérature favorisé par certaines conditions du milieu de culture: l'humidité, l'ombrage, un pH acide et le depot de matière organique non décomposée à la surface du sol. Les facteurs étudiés sont l'humidité, l'éclairement, et le pH des sols. Ces facteurs ont été étudiés, chacun, avec deux niveaux: (1) Buttage, pour améliorer le drainage de l'eau, vs. technique traditionnelle de travail du sol à plat, (2) Émondage du couvert arboré vs. les conditions traditionnelles de culture sous ombrage, (3) Amendment calcaire vs. pas d'amendment. La variété utilisée est localement appelée "Siguin". C'est un cultivar à chair jaune, très cultivé dans la zone, du complexe Dioscorea cayenensis-Diocorea rotundata (Lucien Degras, 1986). L'essai a été installé dans 9 jardins paysans. Des observations ont été faites sur las présence de la maladie dans chaque jardin: le pH du sol, le depot de feuilles à la surface du sol (leaf litter), la pente du terrain, l'exposition du jardin et la hauteur moyenne des arbres avant l'installation des essais. Elles ont servi à la sélection judicieuse des jardins. A la récolte, on a compté le nombre total de tubercules récoltés. Chaque tubercule a été observé minutieusement et les tubercules, pour lesquels l'infection a débuté par la partie distale, ont été séparés de ceux pour lesquels l'infection a débuté par la partie proximale. On a noté le nombre total de tubercules malades, le poid frais des tubercules malades, le poids frais total de tous les tubercules récoltés. Le poids frais d'un tubercule et le pourcentage de tubercules malades ont été calculés. L'incidence de la maladie à la fois sur le pourcentage de tubercules malades (PTM) et sur la portion non commerciale et comestible du rendement (RNV) est apparue significativement influencée par l'effet des techniques culturales. Les valeurs les plus élevées de l'incidence de la maladie ont été observées dans les conditions de culture traditionnelle paysannes. L'émondage a, par rapport aux techniques traditionnelle, réduit PTM de 77% et RNV de 66%. L'amendment calcaire a réduit PTM de 63% et RNV de 52%. Cependant l'amendment calcaire n'a pas eu d'effet en présence de l'émondage. La combinaison des deux techniques culturales n'a pas produit davantage d'effet sur la maladie que quand elles sont mises en oeuvre séparément. Le buttage n'a pas eu d'effet significatif sur l'impact de la maladie. L'émondage a, par rapport aux méthodes traditionnelles, entraîné une augmentation du rendement de 3.43 tonnes/ha de tubercules sains. L'analyse économique de la situation a révélé un manque à gagner relatif aux impacts de la maladie de 3717 à 6174 gourdes par hectare et par an (1 US dollar = 15 gourdes). Il correspond à 3 à 5 fois le produit brut d'un hectare de maïs grain de morne d'un cycle cultural de 6 mois lorsqu'il n'y a qu'une seule récolte par an. L'application de l'émondage a entraîné une augmentation du profit brut de 24010 gourdes par hectare. Il ressort une possibilité de minimiser l'impact de la maladie sur la culture de l'igname. Les techniques culturales qui ont fait l'objet de cet essai semble offrir l'opportunité à la fois de contrôler la pourriture des tubercules et de continuer à cultiver l'igname d'une manière bénéfique pour l'environnement et d'améliorer le revenu brut des agriculteurs des régions montagneuses d'Haïti. Cependant une seule campagne d'essai ne suffit pas pour l'extension des résultats à d'autres situations et en d'autres saisons. Il conviendrait de répéter l'expérience pour confirmer les résultats dans d'autres sites et en d'autres saisons. Il importerait de prévoir des solutions à des situations où les arbres ont été atteints par le maladie et où la couverture arborée risque de disparaître à cause de la maladie et où la fertilité du sol est menacée par la dégradation du milieu qui peut suivre. Des pratiques qui méritent d'être testées et qui ne risquent pas de recréer des situations favorables au développement de R. bunodes sont: - La culture en couloir de l'igname sur tuteurs. - La régénération des systèmes de culture agro-forestiers traditionnels par l'introduction d'espèces d'arbres résistantes à R. bunodes telles que le manguier, et d'espèces à cîme peu touffue telles que le "bwa soumi" (Cordia alliodora) dont le port droit et faiblement branchu le désigne comme tuteur et plante de couverture.
This study was conducted as a follow-up to a survey conducted by the Pan American Development Foundation (PADF) at Plaisance, 40 km from Cap Haitian, where yam is one of the major crops in a traditional agroforestry system. The survey revealed that yam cultivation was limited by a rot affecting tubers in the field. The infected tubers cannot be consumed or sold. The causal agent is a fungus, Rosellinia bunodes (Henry, 1993). The disease also attacks and kills several tree species associated with yam in agroforestry systems. According to the literature, the development of the fungus is favored by cultural conditions such as high humidity, shade, soil acidity and the quantity of organic litter on the soil surface. The factors studied were humidity, light and pH of the soil; each factor was tested at 2 levels: (1) mounds, to improve drainage, vs. traditional flat seedbed; (2) pruning of upper canopy, to increase light penetration vs. traditional culture in shade; (3) liming, to address soil acidity, vs. no lime. The variety was a yellow yam of the complex D. cayenensis - D. rotundata (Lucien Degras, 1986). The trial was installed in nine farm fields. Field selection was based on presence of the diease, soil pH, high amount of leaf litter on the soil surface, and the average height of trees. The degree of slope of the field, field orientation were also recorded. At harvest, each tuber was examined for indications of infestation by the fungus and separated into three groups: those not showing signs of infection, those showing infection on the distal end of the tuber and those showing signs of infection on the proximal end. Total number and total fresh weight of tubers was recorded by group. Average tuber weight and the percent of tubers infected by the fungus were determined. Highest disease incidence was observed on plots where the traditional cultural practices were applied. Both pruning and lime application had significant effects on the percentage of tubers affected by the disease and on the quanitity of unmarketable tubers. Pruning reduced the percentage of tubers affected by the disease by 77% and reduced the quantity of unmarketable tubers by 66% in comparison to traditional practice. The application of lime reduced the percentage of tubers affected by the disease by 63% and reduced the quantity of unmarketable tubers by 52% in comparison to traditional practice. However, the application of lime did not have an effect when combined with pruning. The combination of these two factors (pruning and lime application) did not produce more effect on the disease than produced by the two factors applied separately. Mounding did not have a significant effect on the impact of the disease. In addition to its effect on the impact of the disease, pruning also increased yam yield by 3.43 tons per hectare. An economic evaluation indicates that the disease was reponsible for loss in revenue of 3,716 to 6,174 gourdes per hectare (1 US dollar = 15 gourdes). This corresponds to some 3 to 5 times the gross revenue obtained from hillside maize harvested once per year. The application of the pruning regime resulted in an increase in gross profit equivalent to 24,010 Gourdes per hectare. These results suggest that cultural methods can be used to reduce the impact of this disease on yam production. The cultural practices studied hold the promise of increasing yam production and associated farm income while reducing the negative impacts of the agricultural system on associated trees. However, results from one season are not adequate information on which to base recommendations for other sites and other seasons. This trial must be repeated to confirm the findings at other sites and under a range of environmental conditions. Solutions are also needed to address situations where the tree cover has been destroyed by the disease and where soil fertility is likely to be degraded. Practices that merit study include alley cropping yam grown on stakes, the introduction of tree species resistant to R. bunodes, such as mango, and the use tree species with erect form and open canopy, such as Cordia alliodora, in order to provide greater light penetration into the canopy.